CHANT DU DÉSESPOIR
Continent noir, terre de mes aïeux !
Toi mère bénie de tous les continents par les cieux,
De cette bénédiction, aujourd'hui qu'as-tu fait ?
Quel mauvais traitement t'a-t-on fait subir
Tu étais pourtant le plus charmant des continents.
Dépouillé de tes attraits, tu ne fais que gémir,
Pour mourir lentement mais sûrement.
Continent des contrastes et de tous les maux,
Personne ne peut décrire ton état par des mots.
Ton désert avance et ta gorge est desséchée.
Ta misère est partout affichée,
Ta flore sans cesse détruite et arrachée,
Et ta faune par la puissance de l'argent recherchée,
Ont tôt fait de provoquer ta disette.
Pour te jeter à jamais dans l' oubliette.
Ployant sous la voûte de la vie sombre,
Tu ne représentes plus qu'une lugubre ombre.
Aucun arbre pour te protéger du soleil mordant.
Peu d'issues pour sortir de tes tourments.
De leurs mains, tes fils t'ont attaché dans des fers.
De par leur cupidité, ils t'ont jeté en enfer.
Tes côtes sont constamment détruites par leur faute,
Tes fonds marins, ton atmosphère sont pollués sans faute
Afrique mon continent! Terre de mes aïeux !
Ton sol ne répond plus à nos voeux pieux.
Tes enfants chaque jour meurent de faim.
Leur inconscience t'a rattrapée enfin.
Chaque regard porté sur toi inspire désolation,
Et le poids de tes fléaux appellent la consternation.
Es-tu alors maudite par la nature ?
Ou plutôt tu l'es par notre immature.
Le visage bouffi, tes fils te regardent.
Le ventre ballonné, leurs yeux te dardent,
Ils réclament des grains pour calmer leur faim.
Ils demandent à manger, car approche leur fin.
Regarde comme tu es couverte de plaies, Afrique.
Vois-tu que tu es devenue au fil des ans une relique ?
Parce que malade, tu n'as plus la force.
Ceux qui t'ont mise dans cet état ont perdu la face.
Ils ne se portent pas mieux que toi,
Et vivent pour la plupart sans toit.
Rattrapés par les maladies, Ils ont aux yeux des larmes,
A force de te harceler, ils ont perdu leurs armes.
Ils sont sans défense contre la lèpre.
Ils sont devenus malpropres.
Ils ne peuvent lutter efficacement contre le paludisme,
Et ils adoptent comme mode de vie le fatalisme.
Atteints par le sida, ils sont affaiblis.
Condamnés par la polio, ils sont rejetés.
Leur sort est désormais établi,
Et leur vie jusqu'à la mort agitée.
René Credo AHLINVI