Les funérailles
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Les Funérailles au Bénin.
date de publication: 21-12-2006

Des occasions pour des saignées financières.

Dès qu’on arrive sur le lieu de la cérémonie, l’on se croirait à un mariage ou à un baptême. Au Bénin, même le deuil se fête en grandes pompes. Les cérémonies de deuil sont des occasions de réjouissances. On fait la fête, avec des uniformes et la nourriture qui doit être de première mise.

Comment expliquer ce fait de société ? La socio-anthropologue Emilia TINGBE AZALOU se prononce : « C’est une façon dit-on, d’honorer les défunts et de marquer les esprits de ceux-ci, de marquer les esprits de ceux qui les ont connus pendant qu’ils étaient sur terre. Donc un rite funéraire bien accompli, dans la mentalité des populations est une garantie d’un destin favorable dans l’au-delà ».

Parlant des rites funéraires, il y a la prise en charge de la dépouille, c’est à ce niveau qu’interviennent les pompes funèbres. C’est ainsi dans tout pays. Mais au Bénin, on parlerait plutôt de complexes funéraires car le service des morts est devenu une véritable industrie. Roger Abel HOUEDANOU, est un responsable de complexes funéraires. Il gère en réalité trois entreprises sous l’enseigne « Haro Décor ». Il explique :

« Il y a la location du véhicule corbillard, il y a la chapelle ardente à monter, il y a la location des couverts, plats, fourchettes, verres …à côté de ça il y a les bâches, chaises, c’est toute une entreprise quand même, j’ai des chauffeurs, des ouvriers ». Pour être à la mode et surtout pour éviter les critiques, on s’oblige à faire les choses en grandes pompes. Nous avons interrogé quelques personnes pour savoir s’il était possible de faire le deuil en toute simplicité, c’est-à-dire sans grandes dépenses ?
  On ne pense plus à la douleur, il faut s’armer pour faire face aux dépenses. C’est une honte, si l’on ne fait pas bien l’enterrement de son parent, les gens parlent mal de vous.
  On est obligé de le faire, vous imaginez le scandale, si l’on ne fait pas bien ? Il y a un de mes oncles, lors de la mort de son père, il a refusé de faire de grandes cérémonies, jusqu’à présent la grande famille l’a écarté et lui en veut.
  En tous cas, moi j’économise par précaution car il n’est pas question que j’organise mal les funérailles de mes parents. Nous leur avons également posé la question de savoir si c’était dans le but d’honorer la mémoire du mort ?

  Non, écouter c’est quelque chose qui est là, tout le monde le fait, alors moi aussi je le fais pour être en paix.
  Oui c’est pour honorer la mémoire du mort, et puis ça entre dans notre culture, dans nos traditions.
  Il faut dire que quand l’individu naît, nous fêtons sa naissance et pourquoi pas quand il meurt ?

Les familles riches s’en sortent toutes seules pour les dépenses, les plus chanceuses reçoivent des cotisations de parents, amis et connaissances. Mais le plus souvent, chez les moins nantis, même avec les cotisations ils s’endettent, les funérailles donnant lieu à des saignées financières. Roger Abel HOUEDANOU, propriétaire des complexes ‘Haro Décor’ est un homme bien renseigné. « Dans notre système, nous appelons ça tout fourni. Il y a des tout fourni de trois millions, de deux millions, comme il y en a à 700.000FCFA. » Et c’est sans compter avec le budget de la restauration et de l’habillement spécial enterrement. A cette occasion, des uniformes sont consus avec des tissus aux motifs variables en fonction des personnes. Ainsi, il y a un motif pour les enfants du défunt uniquement, un autre pour les neveux et nièces, un pour les parents et enfin un autre pour les amis et connaissances.

Le plus étonnant, c’est que vivant ou malade, on ne reçoit pas autant de considération que lorsqu’on est mort. Témoignage de madame SÔ Virginie, elle a perdu un parent récemment : « Lorsque le malade est couché et a besoin d’argent pour se soigner, on ne voit jamais ou on voit rarement les parents qui s’agitent pour cotiser et essayer de le faire sortir de son lit de malade, mais lorsqu’il décède, c’est des agitations extraordinaires, qui pour la caméra, l’annonce télévisuelle, la musique, les chaises, la nourriture, des orgies pas possible. Je pense qu’il serait vraiment mieux de garder cet argent pour essayer de sauver le malade que de le laisser mourir puis de venir dépenser des millions ensuite ». Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, Roger Abel HOUEDANOU a trouvé dans les funérailles son gagne pain et même plus : « Ça fait déjà 21 ans que je fais ce travail, ça me rapporte sinon je ne serai plus dedans. J’ai réussi à avoir des parcelles dans les banlieux de Cotonou, Godomey, Calavi, Hèvié. J’ai construit dans deux de ces parcelles ».

Même si les funérailles continuent de ruiner des familles entières, on ne pense pas à revoir cet aspect. Des dépenses folles pour les uns, une fortune considérable pour les autres. Mais timidement certaines personnes ont trouvé une solution. C’est la fameuse formule des condoléances au cimetière, qui évite de recevoir à la maison pour festoyer.

JAK Cellule de la Promotion et de la Gestion du Changement www.beninhuzu.org

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