Le musée historique et le tombeau de Béhenzin
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la porte du musée
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Aujourd'hui nous allons visiter l'ancien palais des 11 rois successifs du Dan Homé (ancien royaume d'Abomey improprement appelé Dahomey par les colonisateurs) aménagé en musée historique par le gouvernement révolutionnaire et l'UNESCO. Nous passons dans la première grande cour d'accueil pour accéder ensuite à la cour des audiences; cette dernière est entourée en bonne partie de bâtiments restaurés suite à une tornade de 1977, le reste étant les vestiges des murailles. Les constructions sont décorées de bas reliefs colorés, certains représentant en particulier les emblèmes des différents rois. Sur une partie de la cour un monument abrite les tombeaux des rois. Là, "comme dans un tabernacle" (nous dit le guide!), les esprits des rois sont présents et vénérés par leur descendance. A l'intérieur des
autres bâtiments on peut regarder des agrandissements de photos d' époque béhanzienne, des sièges formidablement sculptés et marquetés d ' argent ou de cuivre portugais, des chevillères, vêtements, sandales, armes, récades (sceptres- cannes qui servaient de sauf - conduit et de signature du roi à ses propres émissaires).
On peut encore voir
Nous traversons ensuite une cour entourée de canons en bronze échangés avec les portugais à raison d' une pièce d'artillerie contre quinze esclaves. Le commerce des armes existait déjà mais à l'époque on ne monnayait pas contre du pétrole! Nous passons devant un temple au centre duquel gît un vieux lit en planches avec des restes de nattes; des femmes agenouillées s'inclinent vers le sol en avançant et reculant successivement chacune de leurs mains à 5 cm au- dessus du sol; ce sont des princesses qui viennent exécuter les rites d'adoration de leur ancêtre, le dernier roi ( avec ses 400 femmes, il peut avoir eu des descendantes!).
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le siège du roi Ghézo |
Les signes de cruauté sont présents dans le palais. Le premier temple que nous avions vu comporte en son centre le fameux "tabernacle": une enceinte intérieure dans laquelle reposent les rois; ses murs ont été édifiés à partir de terre pétrie de sang d'esclaves blancs! Dans le musée proprement dit un des sièges royaux (celui du roi Ghézo) est fixé sur 4 crânes de chefs ennemis; plus loin on nous apprend qu' un crâne évidé servait de bol. Le deuxième temple renferme plusieurs centaines d'épouses de roi qui ont accepté d'être sacrifiées en se laissant enterrer vivantes non sans avoir au préalable ingurgité un "breuvage". Nous voyons aussi une des premières mitrailleuses montée sur roues raflée aux troupes napoléoniennes. Somme toute un musée assez riche mais dont le guide était trop pressé d'en finir pour que nous
ayons plus amples explications.
Un des responsables de la zone artisanale voisine du musée nous invite à aller visiter (à Djimé?) un palais toujours actif. Nous reprenons la Renault 4 pour suivre un dédale de petites pistes cahoteuses à travers les cases de la banlieue d'Abomey; nous aboutissons près d'un hameau et pénétrons à pied dans une cour fermées par des murs en banco. lci on ne voit que des femmes et des enfants: les princesses, petites- filles descendantes des rois d'Abomey, le dernier de la dynastie des Kpovi étant Béhanzin, se retrouvent au palais pour un repas. Vers 19 heures elles pénètreront dans une deuxième cour au sol impeccablement nettoyé devant un temple où est enterrée la dépouille du roi Béhanzin:
vénération des trônes royaux par des vestales
(cliché
Doc.Française) |
c'est là qu'elles vont danser pendant trois heures pour sacrifier ensuite deux petits taureaux noirs qui attendent leur sort, attachés à l'extérieur du palais au pied d'un arbre. C'est bien la première fois que je vois toute une cour princière, les seins nus ou non; elles ressemblent de par leur tenue à n'importe quelle africaine: pagnes, boubous sont de règle; cependant les bijoux sont peut- être plus nombreux que de coutume.
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Les enfants sont là aussi, nus ou habillés. Pas de luxe dans le mobilier non plus: il serait inexistant s' il n' y avait ces jolis tabourets taillés dans la masse et qui ont dû servir au repas ou aux repos; ils ne sont de toute façon pas en nombre suffisant pour recevoir tout ce monde princier. Nous nous promenons au milieu de cette foule féminine, seuls hommes hommes présents, sans être inquiétés.
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Gbêhanzin dit Béhanzin (cliché
Doc.Française) |
Lorsque nous quittons le palais nous apercevons à proximité une motte de terre fraîche d'environ 70 cm de haut enserrée dans des joncs frais, sorte d'autel au sommet duquel est posé un plat de terre cuite dans lequel s'ébouriffent du duvet et des plumes de poulet: un sacrifice animal a déjà eu lieu pour une offrande aux mânes...
10 février 1983
Pour
en savoir plus sur le musée d'Abomey, un site
très spécialisé: http://epa-prema.net/abomey/
mais
aussi:http://www.fragmentsdumonde.org
Copyright © 2002 Bernard MICHEL