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Traditionnellement, quand on parle de commerce et d'artisanat en Europe on pense au super- marché, à l'épicerie du coin,  à l'atelier et à la vitrine de l'artisan.

En Afrique, ces termes prennent une toute autre couleur. Le commerce est sur le trottoir, dans le marché, voire sur la tête de la vendeuse qui passe avec un plateau. L'artisan n'a d'autre devanture que le sable de la rue pour exposer sa production réalisée dans une échoppe ou à ciel ouvert en bordure de rue ou de route.

    coton.jpg (79081 octets) vente de bois en bordure de route

  scène de marché au Bénin                                      

En matière d'industrie on trouve du bon et du moins bon:

la publicité pour l'achat d'un foyer en terre cuite habillé de métal ; les revendeuses exposent ce produit devant leur boutique de trottoir.

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la vente tolérée de contre- façons en provenance du Nigeria; au premier achat on n'y voit que du feu sinon que DUCELAR ne dure que 48 heures dans un petit poste radio !!! 

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Les pages qui suivent ne sont pas des contre- façons, rassurez- vous ! Mais il y a une autre face cachée:




Entre débrouillardise et escroquerie

Par Larisse Axel HOUSSOU
jeudi 27 novembre 2003

De nombreux jeunes béninois se rongent les pouces, faute d'emploi. Certains font de petits boulots pour s'en sortir. D'autres sont dans la débrouille, "les affaires". Ce sont de véritables maisons de commerce ambulantes, capables de vous vendre tout, même ce qu'ils ne possèdent pas. 

Les jours ouvrables, dans la matinée, les jeunes sillonnent le centre ville en train de faire des "affaires". Ils sont dans les marchés, quartiers chics, ministères et autres. Les uns sont à l'affût de bons de commandes administratifs ou de demandes de factures pro-forma, les autres arpentent à longueur de journées les marches des établissements publics, les couloirs des hôtels, pour proposer, à qui le voudrait, leurs services comme démarcheurs, courtiers, etc.

Aucun n'est demeuré dans un créneau pendant plus de 10 ans. Tous ont changé d'activités parce que les opportunités du moment le commandaient.

C'est l'exemple de Patrick qui a commencé comme vendeur de motos. Quelque temps après, il abandonne ce secteur pour ouvrir une buvette qu'il ferme une année plus tard pour s'improviser entrepreneur en bâtiments.

Comme on le voit, les chemins des affaires sont nombreux, il suffit de savoir choisir celui qui mène à bon port pour se tirer d'affaires. Un autre affairiste-démarcheur raconte lui aussi son parcours. Il fut employé dans une entreprise de la place qui vend du matériel bureautique et informatique.

Compressé en 1992, il devient lui-même démarcheur-vendeur de rames de papiers aux Ong et entreprises privées. En 1999, il change de cap et se tourne vers l'informatique et la bureautique en vendant consommables, imprimantes et photocopieurs aux clients qui acceptent ses offres.

"Je détiens des catalogues de certaines entreprises françaises qui vendent ces produits. Lorsque j'obtiens un marché, je m'adresse à l'une de ces maisons en France pour avoir une idée de sa facture pro-forma hors taxe.

En fonction du prix de l'Hexagone, j'établis à mon niveau ma propre facture pro-forma en y ajoutant mes marges bénéficiaires. Je l'envoie à mes clients. En retour, je reçois leur bon de commande et je leur livre la marchandise que je paie de ma poche en France", explique-t-il. Les femmes font aussi les affaires.

Elles vendent des habits pour messieurs et dames, des chaussures, des chaussettes ou des produits cosmétiques importés qu'elles introduisent frauduleusement. Courtoises lorsqu'elles proposent leurs marchandises, elles le sont moins quand elles viennent réclamer leur dû. Toujours l'air pressé, elles maîtrisent les entrées de tous les bureaux de Cotonou. Certaines accordent des crédits à des taux usuriers, une autre dimension des affaires.

Des escrocs aussi...

Il existe une autre catégorie d'hommes ou de femmes d'affaires qui excellent dans le faux. Jonathan en est le prototype. Récemment, il a pu escroquer une grande école de Cotonou en passant à la fois pour réparateur de photocopieur et vendeur de pièces de rechange de cet appareil.

Il a pris de l'argent à l'un des responsables d'une école pour lui rapporter un tambour neuf en remplacement de celui du photocopieur qu'il a lui-même jugé défectueux. Non seulement Jonathan n'est pas revenu avec le tambour neuf, mais, il a disparu avec le premier. Depuis lors, il reste introuvable par les responsables de l'établissement et continue à escroquer.

Bernard se dit lui aussi "homme d'affaires". Mais personne ne sait dans quel secteur il intervient pour ses affaires. L'important pour lui, c'est de s'arroger ce titre pour accéder à certains milieux. Vu son accoutrement, rien ne peut le trahir. Il vit au jour le jour. Pendant que les vrais hommes d'affaires affrontent soleil et autres obstacles, font le siège de la douane, des sociétés de fret et de transit pour délivrer leurs marchandises, Bernard se plaint de ses "difficultés".

Il les raconte à qui veut l'entendre. "Rien ne marche chez moi. La douane a bloqué mes produits", déclare-t-il souvent à ceux qui cherchent à le coincer. Il réussit assez souvent son coup de maître et escroque de l'argent à ceux qui le croient sur parole.

Les "affairistes" de Cotonou ont plusieurs facettes. Ceux qui le sont ou se prennent pour tels se rencontrent parmi les différentes composantes sociales de Cotonou. Ils reçoivent l'appui des expatriés et bénéficient parfois de la complicité des autorités. Ils sont très inspirés et ont le flair des "affaires". Même coincés, ils s'en sortent.

Pour preuve, beaucoup ont été arrêtés par la police, la gendarmerie ou ont été déférés à la maison d'arrêt mais, ils refont toujours surface avec la détermination de celui qui bénéficie de soutien en haut lieu. Ainsi, va le monde des affaires au Bénin.

L'informel et le formel font toujours bon ménage. Des gens sans établissements, sans capital côtoient ceux qui agissent en toute légalité même si de temps à autre, tous versent dans le faux. v

© Le Point au quotidien

 

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